lundi 17 novembre 2008

Un nouveau lobby menace la neutralité du net


Derrière le nom Arts+Labs, on a tendance à imaginer un laboratoire autour de l’art (qui existe, par ailleurs). Mais, depuis mardi dernier, ce nom désigne également un nouveau lobby d’équipementiers technologiques, d’opérateurs et de producteurs de contenus contre « la pollution du net ». Et, par extension, contre la neutralité du net.

La semaine dernière, les sociétés américaines AT&T, Cisco Systems, Microsoft, NBC Universal, Viacom et la SGA (Songwriters Guild of America) se sont ainsi associées pour « promouvoir Internet en tant que lieu dynamique où tous les consommateurs peuvent choisir parmi une vaste gamme de produits, de divertissement et de services numériques ». La question soulevée est en fait celle de la gestion des tuyaux. A la tête de la coalition, on retrouve deux hommes d’influence à Washington. Mike McCurry, un démocrate co-président de Hands Off The Internet, un groupe d’industriels opposés à la neutralité du net, et Mark McKinnon, ancien conseiller du candidat John McCain pendant les primaires républicaine.

Arts+Labs indique vouloir « informer et éduquer les consommateurs sur la menace de pollution du net — des activités telles que le spam, le malware, le trafic illégal de fichiers et les virus informatiques — qui nuit aussi bien aux consommateurs, aux innovateurs qu’aux créateurs. » Et comment lutter aussi bien contre les envahissants spams que contre la violation du droit d’auteur ? En contrôlant mieux ce qui circule dans les tuyaux. L’organisation le dit clairement. Selon l’un de ses quatre grands principes, des « réseaux robustes et intelligents » sont « vitaux » pour pouvoir fournir « un accès rapide, sûr et fiable aux produits, services et sites légaux de leur choix ». La solution miracle vient ensuite : « les opérateurs de réseau doivent avoir la souplesse nécessaire pour gérer et étendre leurs réseaux afin de se défendre contre la pollution du net qui menace de ralentir et de congestionner le réseau pour tous les consommateurs. » Et d’appeler à « un réseau des réseaux auto-règlementé ».

Sur Wired, David Kravets rappelle que la création de ce groupe intervient deux mois après que « la FCC ait publié une invitation ouverte aux FAI pour filtrer les contenus protégés par le droit d’auteur. » Selon lui, le 1er août, tout en réprimant Comcast pour avoir réguler le trafic p2p, la FCC a ouvert la porte à la régulation du trafic Internet. Par exemple, en indiquant : « nous notons également que, parce que les consommateurs ont la possibilité d’accès à des contenus contraires à la loi, en conformité avec la politique fédérale, les fournisseurs d’accès à Internet pourraient bloquer les transmissions de contenus illégaux ou des transmissions qui violent le droit d’auteur. »

Pour le groupe d’intérêt Public Knowledge, le véritable objectif de ce nouveau lobby est de permettre aux opérateurs et fournisseurs d’accès Internet de contrôler le trafic d’Internet. « La combinaison de la puissance et l’influence d’AT&T et de l’industrie du divertissement signifie que les deux vont mener une guerre totale pour le droit de filtrer tous les bits de données envoyés sur Internet », a déclaré Gigi B. Sohn, président du groupe. Il qualifie le groupe « d’’attaque la plus concentrée contre un Internet ouvert et libre jamais vue à ce jour »

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