mercredi 19 novembre 2008

Charest promet 80 millions pour la culture

Malorie Beauchemin
La Presse

Abolition de la taxe de vente sur les produits culturels, crédits d'impôt pour attirer des grandes productions cinématographiques, bonification du budget de la SODEC, le chef du Parti libéral a présenté, hier, l'essentiel de sa plateforme en culture, au coût total de près de 80 millions.

Alors que Jean Charest prédit une «tempête économique» sur le Québec, un nouveau gouvernement libéral se priverait de 50 millions de revenus annuels de TVQ pour stimuler la vente de disques, de films, de billets de spectacles et autres produits culturels québécois.

Sur l'achat d'un disque de 20 dollars, le consommateur économiserait ainsi 1,50$.

Beaucoup de détails restent par contre à déterminer, notamment sur ce qui serait admissible ou non à l'exemption de taxe. S'il est réélu le 8 décembre, le chef libéral mandatera les ministères du Revenu, des Finances et de la Culture pour établir la liste des produits.

Par exemple, un disque de Céline Dion, produit et réalisé aux États-Unis, mais vendu au Québec, coûtera-t-il moins cher? Ni le chef libéral, ni sa ministre de la Culture, Christine St-Pierre, ne se sont risqués à répondre de façon catégorique.

«Je n'ai pas de doute que ça va être compliqué dans certains cas, a dit M. Charest. On veut envoyer un signal important qu'on supporte l'industrie d'un côté et de l'autre qu'on supporte les familles et les individus qui veulent consommer ces produits et ne demandent pas mieux qu'un encouragement à le faire.»

Mme St-Pierre a toutefois indiqué qu'elle souhaitait que les films doublés au Québec, par des artistes québécois, soient exemptés de TVQ.

Le chef libéral estime que cette mesure respecte les ententes de commerce international signées par le Canada, grâce notamment à l'exemption culturelle incluse dans l'ALENA et la convention sur la diversité culturelle. «Nous croyons que la convention nous protège, nous permet de le faire. On est tout à fait dans notre droit de poser un geste comme celui-là. Si les gens veulent le contester, ils le peuvent», a lancé M. Charest. Les États-Unis, pour qui la culture est une industrie très profitable, ont souvent remis en question les exemptions culturelles dans les grands accords commerciaux.

Le milieu plutôt satisfait

Le milieu de la culture a réagi plutôt favorablement à cet engagement du Parti libéral. «Que le gouvernement dise clairement que les produits culturels ne sont pas des produits comme les autres, c'est une nouvelle très positive», a souligné Solange Drouin, directrice générale de l'ADISQ. Elle estime que cette initiative peut être un bon moyen pour stimuler la hausse de fréquentation des spectacles, par exemple.

La nouvelle a évidemment été fort bien reçue à Culture Montréal. L'organisme avait rendu publiques récemment 11 demandes aux partis politiques, dont l'exemption de la TVQ pour les oeuvres d'art.

«C'est bien de l'étendre à l'ensemble des produits culturels. Ça fait longtemps qu'il n'y avait pas eu d'initiative pour stimuler la demande culturelle. On verra l'impact réel, mais c'est une bonne mesure face au ralentissement économique», a expliqué Simon Brault, président de Culture Montréal. Il dit espérer qu'il y aura d'autres annonces pour la culture durant la campagne, mais qu'il s'agit déjà «d'une belle fleur dans un bouquet potentiel».

Claire Samson, présidente de l'Association des producteurs de films et de télévision du Québec (APFTQ) accueille favorablement cette proposition du Parti libéral. «Ce sont de bonnes nouvelles, a-t-elle estimé. Ça va probablement aider beaucoup l'industrie du spectacle.»

Pour sa part, Stanley Péan, président de l'Union des écrivains du Québec (UNEQ) qualifie l'annonce des libéraux de pure improvisation. Rappelons qu'actuellement le livre est exempt de TVQ. Selon M. Péan, il serait préférable de taxer le livre et de réinvestir l'argent dans l'industrie.

En après-midi, le chef libéral a aussi promis des mesures spécifiques au secteur de la production télévisuelle et cinématographique. S'il est réélu, il augmentera de 10 millions l'enveloppe annuelle de la SODEC dédiée à la production de films. Selon les estimations du PLQ, cette mesure permettrait de financer six films de plus par an. De plus, pour attirer les productions américaines et européennes, et ainsi créer des emplois pour les travailleurs, souvent autonomes, de l'industrie, Jean Charest propose de bonifier les crédits d'impôt pour les dépenses en main-d'oeuvre. La mesure vise à rendre le Québec compétitif face à d'autres provinces, comme la Colombie-Britannique, qui est avantagée par sa proximité géographique avec la Californie.

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