jeudi 4 décembre 2008

La fertilité masculine menacée

Les problèmes de l’appareil reproducteur masculin sont aujourd’hui potentiellement aussi graves que le réchauffement climatique.

  • Depuis 50 ans, la production de spermatozoïdes dans l’espèce humaine a diminué en moyenne de 50 %. Pourquoi ?
  • Dans les pays occidentaux, le nombre de cancers du testicule ne cesse de croître. Au Danemark, on constate une hausse vertigineuse de 400 % en soixante ans. Pourquoi ?
  • Le nombre de malformations congénitales de l’appareil reproducteur masculin augmente également. Pourquoi ?
  • Des populations de poissons de certaines rivières se féminisent. De plus en plus de malformations sexuelles et de cas de stérilité sont observés chez les phoques, les oiseaux, les alligators, les grenouilles…Des études sur la faune montrent une dévirilisation croissante. Pourquoi ?
Féminisation de la nature d’un côté, diminution du nombre de spermatozoïdes chez l’homme de l’autre. Des événements bizarres et inquiétants entre lesquels personne, pendant longtemps, n’avait pensé ou osé établir un lien.

Et si toutes ces observations avaient une origine commune ?
C’est l’hypothèse audacieuse de nombreux scientifiques tant aux États-Unis qu’en Europe. Ils sont persuadés que certains facteurs environnementaux sont responsables de ces pathologies et de ces malformations. Au banc des accusés, de nombreuses molécules mises sur le marché par l’industrie chimique : PCB, DDT, retardateurs de flamme, phtalates, pesticides… Liste non exhaustive de composés chimiques qui agissent sur le système hormonal (on les désigne sous le terme un peu barbare de « perturbateurs endocriniens ») et qui provoqueraient ainsi une féminisation du monde… La gravité des faits rapportés impose que l’on s’y intéresse de très près car la fertilité, et donc l’avenir de l’humanité est en jeu… Si ces scientifiques ont raison, ce sont des pans entiers de notre mode de consommation qu’il faudra repenser. Un véritable défi face au puissant lobbying industriel, un débat qui se déplace sur le terrain politique.

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Les réalisateurs de « Mâles en péril », Sylvain Gilman et Thierry de Lestrade, reviennent sur la genèse de ce qu'ils ont vécu comme une
« extraordinaire aventure scientifique ».


Ce film a commencé dans un laboratoire de recherche de Boston. Nous tournions La Guerre contre le cancer lorsqu’Ana Soto, biologiste spécialisée dans le cancer du sein, sortit de son emballage un tube de matière plastique, un vulgaire tube dont se servent tous les techniciens de laboratoire. Mais celui-ci était extraordinaire : depuis que son fabricant avait changé la composition, il avait la capacité de faire se multiplier les cellules cancéreuses. Le plastique contenait un élément qui agissait comme des hormones !

Ainsi des molécules réputées inertes pouvaient imiter les hormones, donc tromper notre corps ! À partir de ce tube de plastique, nous nous sommes lancés sur la piste de ces molécules. Elles sont nombreuses, découvertes le plus souvent par hasard, on les appelle aujourd’hui des « perturbateurs endocriniens ». Les scientifiques que nous avons rencontrés et filmés dans cette enquête sont des personnages étonnants. Face à des données inattendues, ils ont su se remettre en cause et être créatifs ; au moment de publier leurs résultats, ils ont su résister aux pressions des industriels. Aujourd’hui, ils n’hésitent pas à sortir de leurs laboratoires pour porter le débat sur la place publique.

Car la découverte de ces « perturbateurs endocriniens » interroge. En premier lieu les pouvoirs publics : comment contrôle-t-on les milliers de molécules chimiques fabriquées par l’homme depuis 50 ans ? Des molécules lancées sur le marché avec pour seules analyses… celles effectuées par les industriels eux-mêmes ! Elle interroge également les citoyens que nous sommes sur la qualité de notre environnement. Sur tous ces objets indispensables à notre confort quotidien et qui auraient… peut-être… un effet sur la reproduction humaine, la santé…

Le manque d’information est toujours plus effrayant que l’information elle-même.
Cela peut paraître effrayant. Nous en avons fait un film. Pour expliquer. Car le manque d’information est toujours plus effrayant que l’information elle-même. Pour raconter aussi une extraordinaire aventure scientifique qui s’est construite comme un puzzle, avec des éléments épars, qu’il fallait rassembler dans un vaste tableau d’ensemble. Notre souci a donc été de tendre le récit au maximum : donner des informations scientifiques précises, tout en restant accessible et capter au mieux l’attention du téléspectateur.




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